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Guerre en Ukraine et santé des réfugiés

Pour les prestataires de soins de santé qui pourraient être amenés à s’occuper d’Ukrainiens déplacés par la guerre, une nouvelle analyse publiée dans le JAMC (Journal de l’Association médicale canadienne) donne un aperçu des considérations sanitaires et cliniques relatives à cette population. Elle met également en évidence les principales lacunes des systèmes de soins de santé canadiens qui doivent être comblées pour offrir des soins équitables aux réfugiés et autres migrants.

La guerre en Ukraine a fait grimper le nombre de populations déplacées et de réfugiés à un niveau sans précédent. Ces chiffres devraient augmenter en raison de l’instabilité mondiale et des effets du changement climatique. Le gouvernement canadien a agi rapidement pour inciter la diaspora ukrainienne et d’autres Canadiens à fournir un abri aux Ukrainiens dans le cadre d’un nouveau programme de visa temporaire de trois ans, l’Autorisation de voyage d’urgence Canada-Ukraine (AVUCU). Le pays pourrait accepter plus de 112 000 personnes. Ce programme de visa, contrairement à un programme de réfugiés traditionnel, peut permettre un hébergement et une intégration professionnelle et scolaire plus rapides, mais pourrait laisser certains migrants ukrainiens vulnérables en raison de services d’établissement et de soutien médical limités. Les Ukrainiens qui fuient la guerre auront droit à une couverture médicale provinciale pendant la période de trois ans, mais la couverture varie d’un bout à l’autre du Canada et les praticiens devront vérifier si tous les services, y compris les médicaments, sont couverts.

« Les réfugiés qui fuient des situations traumatisantes sont confrontés à des facteurs de stress socio-économiques et à des obstacles dans l’accès aux services après leur arrivée et sont plus susceptibles de passer à un état de santé médiocre que les autres immigrants, mais cela peut être atténué par des services de soutien à la réinstallation », écrit la Dre Christina Greenaway, médecin chercheuse en maladies infectieuses au Centre d’épidémiologie clinique de l’Institut Lady Davis et experte en santé des migrants à l’Hôpital général juif et à l’Université McGill, à Montréal (Québec), avec ses coauteurs.

L’article contient des points pratiques pour les cliniciens sur la façon de répondre aux besoins de santé spécifiques de cette population, en soulignant que, parmi les personnes originaires d’Ukraine :

  • La prévalence des maladies chroniques, telles que les maladies cardiovasculaires et le diabète, est élevée ;
  • La consommation de produits du tabac est courante ;
  • Les taux de maladies mentales sont élevés, 33 % de la population du pays ayant souffert de maladies mentales avant le conflit actuel, ce qui peut être amplifié par le déplacement depuis l’Ukraine ;
  • Le risque de maladies évitables par la vaccination, comme la rougeole, la polio et la COVID-19, peut être élevé, en raison du manque d’accès aux vaccins et de l’hésitation à se faire vacciner ; et
  • Les taux de tuberculose, d’hépatite virale et de VIH peuvent être élevés, en particulier dans certains groupes à risque.

L’accès aux soins en temps opportun, avec des services d’interprétation médicale, et l’utilisation d’une approche de soins tenant compte des traumatismes seront importants pour répondre aux besoins de santé des Ukrainiens.

« Bien que le Canada ait une longue histoire d’accueil et d’intégration de groupes de réfugiés et d’autres migrants en situation de crise, l’arrivée simultanée d’Ukrainiens déplacés par la guerre et de réfugiés d’Afghanistan dans des systèmes de santé mis à rude épreuve par la COVID-19 nécessite un examen des pratiques et des programmes actuels de santé des réfugiés et exige des solutions créatives », écrivent les auteurs.

Ils notent que l’absence d’accès universel aux interprètes et le manque de soutien pour des soins coordonnés entre les services et secteurs de santé sont les principales lacunes du système de santé empêchant la fourniture de soins optimaux à ces populations.

« Maintenant plus que jamais, avec un système de soins de santé débordé au Canada, une approche multipartite coordonnée – avec des partenariats entre les décideurs politiques, les administrateurs de la santé, les praticiens et les communautés – est nécessaire pour protéger les réfugiés et autres migrants, promouvoir leur autonomie et leur santé, et construire des systèmes de santé réactifs dans les communautés d’accueil », concluent-ils.

The war in Ukraine and refugee health care: considerations for health care providers in Canada. Christina Greenaway MD MSc, Gabriel Fabreau MD MPH, Kevin Pottie MD MClSc. CMAJ 2022 July 11;194:E911-5. doi: 10.1503/cmaj.220675.